Top 5 des appels d'offres absurdes
- Métiers : Par Florent Guth.
Quand un appel d'offres est publié, on l'étudie en détail pour déterminer si l'agence y répond. Et il arrive qu'on y trouve des demandes absurdes, incohérentes, voire hors-la-loi. Bien sûr, personne n'est jamais à l'abri d'une erreur ou d'une mauvaise interprétation du code des marchés publics, nous compris. Mais à force d'en voir passer, on ne résiste pas au plaisir de vous les présenter. Voici notre top 5 des appels d'offres les plus absurdes.
L'absurdité. (d'après Tsukasa Hōjō)
N°5 - La newsletter recto-verso
Cet appel d'offres concerne la création et la réalisation d'une newsletter recto-verso. Malheureusement le cahier des charges n'indique pas la méthode pour faire des courriels réversibles !
Renseignement pris, il s'agit d'une newsletter… imprimée ! Le terme était à prendre dans son sens obsolète, quand on la distinguait de l'e-newsletter. "Voilà, insiste le service com, il s'agit bien d'une newsletter". Depuis, nous avons trouvé la recette : la newsletter recto-verso existe ici. ;-)
N°4 - Le rapport de 45 pages
Ce marché concerne la réalisation et l'impression d’un rapport de 45 pages. L’impression avec reliure traditionnelle fonctionnant par multiple de 4 pages, on peut faire un rapport de 44 ou de 48 pages ; ou de 46 pages avec une reliure (collée-cousue, spirale…). Mais 45 pages, c'est techniquement impossible. Ou alors le papier recto sans verso existe sans qu'on le sache !
Des prestataires ont signalé et expliqué le problème. Réponse du service com : "Oui, il s’agit de caractéristiques particulières, nous voulons 45 pages". Il paraît que l'agence choisie a livré un rapport de 46 pages mais n'a pu en facturer que 45.
N°3 - Le catalogue des prix
Ici, l'acheteur souhaite connaître les tarifs de 60 outils de communication différents, du bandeau web jusqu'à la plaquette. Le bordereau des prix unitaires tient sur 11 pages… Un véritable catalogue de prix ! Dans le domaine de la création graphique et rédactionnelle, les prix varient selon le cahier des charges (cible, ligne éditoriale, charte graphique…). La standardisation s'arrête là où la prestation intellectuelle commence. Dans le cas présent, c'est l'inverse !
N°2 - La proposition graphique de 20 pages
Le cahier des charges de cet appel d’offres relatif à la conception-réalisation d’un magazine impose une proposition graphique de 20 pages, c'est-à-dire le magazine en entier ! Les références d’une agence devraient suffire à prouver sa créativité. Mais dans la pratique, les prestataires acceptent volontiers de créer une couverture ou quelques pages intérieures sans indemnisation. Pourtant, comme le précise l'article 49 du code des marchés publics, les propositions graphiques qui constituent un investissement significatif doivent être rémunérées.
Contacté par nos soins, le service com estime qu'il a le droit de réclamer 20 pages de créa non-indemnisée. Pour notre part, on a préféré exercer notre droit à ne pas répondre !
N°1 - L'exploitation par crowdsourcing
Le comble est atteint avec ce marché de supports de communication. Un premier tri est opéré sur dossier (documents administratifs, devis et création graphique simple). Trois candidats sont sélectionnés et doivent produire une préconisation, une charte graphique et ses déclinaisons web et print, soit le projet complet. Le tout est indemnisé à hauteur de… 300 € ! Il s'agit en fait ni plus ni moins que de crowdsourcing abusif. Ce fonctionnement n'est pas nouveau, mais avec de telles conditions, ça relève de l'exploitation et du pillage de créativité.
On trouve de tout dans les marchés publics !